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Thursday, July 18, 2019

FR -- Entretien de Vladimir Poutine au Corriere della Sera





par Vladimir Poutine
RÉSEAU VOLTAIRE | ROME (ITALIE) | 4 JUILLET 2019 
 Putin: «Ready to talk to the US. In constant contact with Salvini's League»
Corriere della Sera : Les rapports entre Russie et Italie semblent positifs. Notre gouvernement est parmi les rares en Europe à pousser pour une révision des sanctions. Et pourtant nous sommes ceux qui souffrent le plus du blocus de divers biens de consommation que votre gouvernement a décidé comme contre-mesure. Ne serait-ce pas un geste vers une possible détente si la Russie, unilatéralement, commençait à abolir les contre-sanctions ?
Vladimir Poutine : Avec l’Italie nous avons vraiment des rapports particuliers, qui ont fait leurs preuves au fil du temps. Un dialogue fondé sur la confiance avec ses dirigeants a été mis au point. Constamment, un travail conjoint est conduit dans la sphère politique, économique, scientifique et humaniste. Nous apprécions beaucoup ce capital de confiance réciproque et partenariat. 

Nous avons sans aucun doute tenu compte de ce fait. Et nous n’avions pas le désir d’étendre les limitations aux liens économiques avec l’Italie. Mais le fait est qu’en prenant les mesures de riposte -contre les sanctions illégitimement introduites- nous ne pouvions pas agir de façon sélective parce que, sinon, nous nous serions heurtés à des problèmes dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce. J’ajoute que les décisions sur l’introduction des sanctions contre la Russie ont été adoptées par la Commission européenne et que tous les pays de l’UE ont voté pour celles-ci. 

Je souligne, cependant, que les mesures russes ont un caractère partiel et ne nous empêchent pas dans l’ensemble de développer avec succès l’échange d’investissements et une coopération productive. Ainsi aucune entreprise italienne n’a quitté le marché russe. Au récent Forum de Saint Petersbourg ont été conclus des contrats bilatéraux prometteurs dans les secteurs industriel, du pétrole, du gaz et dans la pétrochimie. 

Pour ce qui concerne, par contre, l’abolition des sanctions, le premier pas doit être fait par celui qui les a promues, c’est-à-dire l’Union européenne. Alors la Russie pourra effacer les me-sures de riposte adoptées. Nous comptons qu’à la fin le bon sens prévaudra, que l’Europe se laissera guider avant tout par ses propres intérêts et pas par les suggestions des autres. Et nous pourrons développer pour notre bénéfice réciproque une collaboration tous azimuts tournée vers l’avenir.
Corriere della Sera : Dans un monde qui, dans un certain sens, semble plus instable maintenant qu’à la période de la guerre froide, les accords sur le désarmement entre Russie et États-Unis sont en crise. Sommes-nous à la veille d’une nouvelle course aux armements, aux issues imprévisibles malgré ce qui paraissait un bon début entre vous et Donald Trump. Dans quelle mesure votre pays a-t-il la responsabilité d’un tel développement ?
Vladimir Poutine : En aucune mesure ! Le délitement du système de la sécurité internationale a commencé avec l’abandon unilatéral du Traité sur la défense antimissile (ABM) par les États-Unis. Et celle-ci était la pierre angulaire de tout le système de contrôle sur les armements. 

Comparez ce que dépense pour sa défense la Russie -environ 48 milliards de dollars- et ce qui est le budget militaire des USA, plus de 700 milliards de dollars. Où est alors en réalité la course aux armements ? Nous n’avons pas l’intention de nous laisser entraîner dans une telle course, mais nous sommes obligés de garantir aussi notre sécurité. C’est juste-ment pour cela que nous avons été obligés d’arriver à faire des projets de moyens et d’armements très modernes, en répondant à l’augmentation des dépenses militaires et aux actes manifestement délétères des USA. 

Un exemple éloquent en ce sens est la situation relative au traité FNI (missiles de portée intermédiaire, ndr). Nous avons plusieurs fois proposé aux États-Unis de clarifier de façon objective et concrète les questions qu’il y a dans ce document mais nous nous sommes trouvés face à un refus. En conséquence les USA sont de fait en train de démanteler encore un autre accord. 

Les perspectives de notre interaction dans la sphère de la réduction des armements stratégiques restent nébuleuses. Au début de 2021 viendra à échéance la durée du traité New Start (sur les missiles intercontinentaux, ndr). Mais aujourd’hui nous ne voyons pas de la part des USA de disponibilité pour parler de son prolongement ou de l’élaboration d’un nouvel accord complet. 

Il faut mentionner un autre fait encore. En octobre de l’an dernier nous avons proposé aux USA d’adopter une déclaration conjointe sur la “non-admissibilité” d’une guerre nucléaire et sur la reconnaissance de ses conséquences destructrices. Mais, aujourd’hui encore, de la part étasunienne il n’y a pas eu de réaction. 

Ces derniers temps à Washington il semble qu’on commence à réfléchir à une relance du dialogue bilatéral sur un vaste agenda stratégique. Je pense qu’arriver à des ententes concrètes dans le domaine du contrôle sur les armements contribuerait à un renforcement de la stabilité internationale. La Russie a la volonté politique de faire un tel travail. Maintenant, cela appartient aux USA. J’ai parlé de cela avec le président Trump au cours de la récente rencontre en marge du sommet du G20 au Japon.

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